lundi 20 mai 2013

Une belle surprise (suite)

Dans un précédent billet, je vous faisais part d'une belle surprise provenant d'un carton de fragments de "vieux tissus". Voici la suite de cette histoire.

Or donc, encore tout excité par la découverte de ces morceaux d'Indienne d'un si beau jaune, je m'empressais de continuer mon exploration.

Ma deuxième trouvaille était une pièce matelassée de 1 mètre par 80 cm présentant un décor à 3 types de rayures, et seulement 3 couleurs, peut-être un Chafarcani ?


Les bandes les plus sombres, d'un beau fond brun aubergine (Garance ?) comprenant des Boteh jaunes et des bouquets de 4 fleurs blanches sont rehaussées de nombreux petits traits rouges.

Les bandes jaunes et les blanches composées de petits motifs géométriques du même brun aubergine sont elles aussi complétées par ces petits traits rouges.


Le décor est caractéristique des fameux Chafarcani du Levant, mais certains furent fabriqués à Marseille, particulièrement après la venue d'artisans arméniens d'Alep où étaient installés les principaux ateliers de fabrication.

L'observation rapprochée du tissage m'en dirait peut-être plus.



Les fibres sont irrégulières et ressemblent à celles des cotonnades orientales, le tissage n'est pas très fin, mais n'a pas l'aspect des guinées, ces toiles grossières qui servaient en Occident à doubler les ouvrages matelassés.


Les teintures sont à la fois, à la réserve et, pour les rouges, sont posées au tampon de bois. Ces techniques étaient employées en Orient, mais il est certain que les artisans venus du Levant amenèrent avec eux leur savoir-faire et le matériel nécessaire à la fabrication qui se devait d'être en tout point conforme à l'original.

Donc le mystère restait entier quant à la provenance précise du tissu.

Pour ce qui est du matelassage, par contre, la qualité du coton de rembourrage contenant beaucoup de cosses, indique qu'il s'agit d'un coton américain provenant d'une récolte mécanisée (et ce dès la fin du XVIII ème siècle).
Le coton égyptien était récolté à la main et garantissait une plus grande pureté ainsi qu'une fibre plus blanche.
Ce qui signifie que, quelque soit la provenance du tissu, cette pièce a été matelassée à Marseille, où l'on pouvait utiliser indifféremment les deux qualités, en fonction de choix économiques ( le coton américain était moins cher), alors qu'au Levant, seul le coton égyptien était employé.


 Et enfin, derniers élément troublants, le piquage est longitudinal, dans le sens des rayures et non en losanges ou carrés comme traditionnellement dans nos régions et les deux faces sont du même tissu, alors que les chafarcani de ce type servaient surtout de doublure.

En résumé, cette pièce est de la fin du XVIII ème ou du début du XIX ème siècle et mon sentiment personnel est qu'elle fut réalisée en Provence par un artisan levantin.

J'avoue ne pas en savoir plus, mais quoiqu'il en soit, sa beauté et son mystère m'ont touché au plus haut point.

Décidément ce cadeau se révélait de plus en plus précieux.
Et ce n'était pas fini, le carton n'était pas encore vide

à suivre...


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